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10 juin 2014

"On s'était dit rendez-vous dans dix ans..."

Mardi 10 juin 2014

 

"On s'était dit rendez-vous dans 10 ans, même jour, même heure, même pomme" 

En terminale, dans mon lycée, il y avait deux classes de Economique et Sociale, deux classes de Littéraire et deux classes de scientifique. L'équipe pédagogique s'entendait bien, même très bien et avait organisé un concours de chant entre chaque section. Il fallait un chant français et un chant anglais. Les ES, dont je laisais partie, avions chanté "Place des grands hommes" de Patrick Bruel. Ca me semblait très loin mes 30 ans. Aujourd'hui j'en ai 31 et c'est le bac qui me semble très loin! Je l'ai pourtant eu en juin 2002... Quand on est petit, on a l'impression que le temps n'avance pas puis, plus on grandit, plus le temps semble passer vite! Alors, qu'est-ce qu'une journée à 60 ans? 

Vieillir me travaille comme on dit. Je n’ai pas d’enfant. Mes parents et le père de mon époux seront décédés avant nous si tout va dans l’ordre des choses. Si je vieillis. Alors qui pensera à nous si ce n’est nous-même ? Nous ne laisserons aucune trace sur la Terre de notre passage éclair. Pas d’enfant, pas d’invention, rien. Oh… Je me trompe ! Mon époux laisse un livre écrit et publié à ce jour (Tricot de cœur). Mais malheureusement, étant donné le nombre de livres publiés par an en France et l’accroissement de l’intérêt pour les petits écrans, qui ira chercher un livre d’un petit auteur (pas pour moi bien sûr !!) en 2050 (sauf si d’ici-là il parvient à devenir connu !!)?

La semaine passée, j’ai été invitée à une table ronde pour présenter notre fonctionnement d’aide à domicile. Vous l’ai-je déjà expliqué ? Nous employons des étudiants de tous horizons en tant qu’aide à domicile pour effectuer : aide aux transferts, aide à la douche, aide à la préparation des repas, aide au ménage,… Nous leur expliquons les gestes à faire et ceux à ne surtout pas faire pour protéger leur dos. Nous fonctionnons avec le système du CESU. Ce système intrigue beaucoup de personnes.  Lors d’une visite de contrôle pour mon petit chat Filou, le vétérinaire me parle du projet de son épouse : organiser un après-midi autour de l’aide à domicile pour les personnes âgées. Même si l’après-midi était centré sur les  personnes âgées, le système que nous avons conçu est tout à fait possible avec ce public là aussi ! Je ne suis venue que peu de temps avant la table ronde mais le peu que j’ai entendu avant et pendant m’a un peu troublée. Pourquoi ?

1/ Il n’y avait aucune personne âgée pour qu’elle puisse elle-même parler de ce qu’elle souhaite. Je n’entendais que « La personne âgée, elle… ». Comment peuvent-ils savoir ce qu’elles préfèrent ? Et surtout, il y a autant de demandes que de personnes âgées ! Mais par souci d’équité, il me semble qu’il aurait fallu la présence d’au moins une personne âgée (selon la santé) pour que ce groupe soit représenté. Cela me faisait le même sentiment qu’à l’hôpital lorsque j’entends les soignants dire à une personne – âgée la plupart du temps, elle est souvent presque sourde, ça facilite les choses !- :

« Vous êtes bien là, hein. ( ?) Je suis sûre que vous êtes bien, hein. (?) On va vous laisser comme ça et on reviendra tout à l’heure ».

Même si la phrase a été dite assez forte, la personne n’a soit pas très bien entendu, soit pas eu le temps de répondre, soit les « hein » n’ont pas été suivis de points d’interrogation mais de points tout court donc le patient ne pouvait pas répondre ! Malheureusement, il n’y a pas besoin d’être âgé pour attendre d’être victime d’un tel comportement. Et heureusement que tous les soignants ne se comportent pas comme ça !!! Beaucoup ont le sourire et font un bon travail en s’appliquant à ce que le patient ou l’usager (selon la situation) soit le mieux possible. Grace à toutes ces personnes nous passons une journée plus détendue car la douche s’est passée tranquillement et/ou le lever. Il ne faut pas oublier de remercier l’ensemble de ces personnes qui, chaque jour, nous permettent de ne pas rester au lit !

Je tenais  juste à souligner le goût amer qui m’est resté de cette réunion du « penser pour » ou du « pour à la place de ». J’étais mal à l’aise. Voilà ce que je voulais dire.

 

2/  Le second point a déjà été abordé ci-dessus, il s’agit du vieillir seul. Une auteure était présente. Elle a lu beaucoup de témoignages. Je  n’ai pas forcément adhéré à l’ensemble de ses analyses. Peut-être ici un retour de ma formation de sociologue ? Mais je n’étais pas la seule à ne pas être d’accord avec l’ensemble de ses analyses sauf qu’un autre Monsieur lui a fait la remarque. Il peut se permettre.  Il est chef de service de gérontologie du CHU de Nantes. Moi je n’ai rien dit. Je n’en pensais pas moins. Nous n’avions qu’une heure et nous étions six à devoir se présenter. Autant vous dire que le débat était presque inexistant durant la table ronde ! Et puis quoi débattre ? Il y avait un chef de service du CHU, une responsable de service personnes âgées de la mairie, une auteure de livre de témoignages sur le vieillir debout, une formatrice d’auxiliaire de vie et un coordinateur d’équipes. 

Mais oui, vieillir seul ça fait peur.   

 

3/ Le troisième et dernier point (il faut bien s’arrêter un jour) : Le chef de service a mal interprété ce que j’ai voulu dire. Il était affalé dans son canapé. Il n’a pas cru bon se tenir droit face au public ou face aux autres personnes de la table ronde. Ben non, c’est un chef de service du CHU tout de même. Voilà ce que j’ai dit :

 « Nous ne voulons pas de blouses blanches à la maison. Nous en avons déjà assez vues à l’hôpital. Et puis, on ne veut pas de vocabulaire professionnel non plus. Par exemple, une étudiante qui est en prépa infirmière ne se comportera pas de la même manière qu’une étudiante en école infirmière qui commence déjà à utiliser un autre vocabulaire, qui se comporte d’une manière professionnelle. Des deux, on préfèrera bien souvent l’étudiante en prépa. »

De tout ça, le chef de service a compris que nous faisions une allergie à l’hôpital ! Il ne m’a pas laissé le temps de répondre. Puis, dès sa présentation terminée, il est parti sans attendre la fin de la table ronde. Alors que nous, nous voulons juste marquer une frontière nette : il y a deux mondes, celui de l’hôpital avec des professionnels habillés en blanc et qui utilisent un vocabulaire technique et celui de la maison où interviennent des jeunes formés par nos soins qui ne portent pas de blouse blanche et qui n’utilisent pas un vocabulaire technique (enfin en ce qui concerne l’aide humaine car quand certains parlent informatique avec mon époux, pour moi, ça devient du chinois !! J ). Ce chef de service a dit qu’il avait désormais l’habitude d’entendre ça « l’allergie aux hôpitaux ». Alors, c’est juste une mode ?? Il s’agit là d’un phénomène de mode ? Aussi, certains suivent le chef de bande comme des troupeaux de moutons ?  Donc, selon ce monsieur, il y n’y aurait pas autant de véritable allergiques aux hôpitaux ? Et qu’entend-il par allergie aux hôpitaux ? J’aurais bien aimé discuter avec ce monsieur…

 

 

Rassurez-vous, je ne suis pas du tout dépressive mais je me pose cette question : à quoi sert la vie ? Quel est l’objet même de la Terre ? Personnellement je déteste regarder les étoiles la nuit car ça me rappelle combien je suis petite. Si je lève la tête, j’ai le vertige, j’ai peur. Je ne suis pas la seule à souffrir. Beaucoup d’autres souffrent. D’autres n’ont pas à manger ou à boire. D’autres meurent à la guerre. Des hommes et des femmes travaillent durement pour soulager, pour améliorer le quotidien de toutes ces personnes dont je fais partie. Vous rappelez-vous de la course au relais que nous faisions quand nous étions en primaire ou plus tard pour ceux qui ont continué le sport ? Une personne part du point A,  court avec un bâton dans la main et rejoint son collègue au point B, qui récupère le bâton. Le collègue court ensuite vers le point C avec le bâton dans la main pour le donner à son autre camarade at ainsi de suite vous l’aurez compris. Le bâton peut être la direction d’un pays, le/la doyen(ne)de la famille, … Le bâton n’est pas forcément un cadeau que l’on attend avec impatience. Eh oui, un gène malade n’est pas un bâton cadeau ! Dans mon cas, ce bâton n’était pas  connu, il avait les yeux masqués : un peu comme Zorro !  Sauf qu’avec moi ce n’est pas le Z de Zorro mais le Z de Zéro comme zéro cadeau !

Je me pose de nombreuses questions ces derniers temps. Est-ce parce que je suis aux alentours de la trentaine et que je sais qu’il n’y aura pas d’enfant ? Est-ce que le fait d’intervenir une heure par semaine en maison de retraite accélère ce travail de préparation à la vieillesse ? Je ne sais pas. Mais rassurez-vous, je vais bien, je m’occupe de mes fleurs, de mes chats et de homme ! Si vous avez des éléments de réponse à mes questionnements, je les lirai avec plaisir !

Je vous dis à très bientôt !

Très bonne journée à vous,

Claire

 

 

 

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